Je me pensais allongé dans le confort de mon lit. Je pensais que cette odeur agréable en cette nuit était celle de mes rêves -ou de mon Febrez-. C'était celle de Juliet, collé contre moi, toujours là après avoir tous deux succombé a notre plus grande faiblesse. Le langage du corps ne pardonne pas. Elle était là il y a encore quelques minutes j'ai l'impression. Mais je viens d'ouvrir les yeux, et elle ne l'est plus. J'ai dormis comme un bébé; le sexe ça fatigue. Et ça creuse aussi. Je dirais que c'est plutôt mon ventre appelant à l'aide qui m'a réveillé. Une fois debout, je me suis concocté un festin. Je ne me suis pas contenter d’un café ou d’un jus d’orange, comme je pourrais le faire certains matins. Non, j’ai dévorer, j’ai savourer, les pensées remplies des souvenirs de la veille. J’aurais aimé la voir à son réveille, parler avec elle, même si c’est une conversation que j’aurais tendance à appréhender. Elle m’a au moins laissé un mot. J’avais flippé. J’avais pensé qu’elle avait fais comme le cliché de ses gens qui fuient le réveille auprès de la personne avec qui ils ont passés la nuit. En vérité c’est un peu le cas. Elle n’est pas restée. Mais je la reverrais, je le sais, c'est une évidence. Ça ne fait aucun doute. En attendant, je peux juste me torturer l’esprit et attendre la fin de la journée.
Des vapeurs de fumée s'échappent d'entre mes lèvres. Sur le balcon, exposé en plein soleil dans le froid hivernal de New York, je profite du peu de chaleur que procure ce temps. C’est alors que j’entends ma colocataire rentrée dans l’appartement. Je fronce les sourcils, tirant un coup sur ma cigarette. Putain de merde. Après une journée à attendre et à me poser des questions comme un con, nous y voilà enfin. Je reste zen, je ne me manifeste pas. Je veux qu’elle vienne, elle. Sa voix perce derrière moi. Je n’ose même pas me retourner avant quelques secondes, avant d’avoir évacuer la fumée de ma trachée. Bonne nouvelle. On commence comme ça donc ?!
« Niquel, merci. » J’esquisse un sourire après cette phrase pas plus prenante que ça. Je pouvais dire quoi de plus ? J’ai porté mes yeux sur elle et je l’ai revu nue. Normale que j’ai beugué ! Je la fixe. Je ne la quitte pas deux yeux, comme si j’attendais quelque chose. Mais je n’attends rien. Je ne sais pas. Seulement mon regard insistant prend d’un coup une raison d’être. Elle me parle d’hier soir. Je sourie en coin, rassuré de savoir qu’elle ne regrette pas, rassuré d’apprendre que ça ne change rien. Elle a dit tout ce que je voulais entendre. J’ai même cru comprendre que j’ai été au top. Enfin je positive un peu la phrase inachevée, j’avoue. Je tire sur ma clope avant de la détacher de mes lèvres, prêt à lui apporter une réponse très peu réfléchit.
« Je regrette pas non plus. Et j’pense que ça change rien, en effet. C’était.. enfin ce sont des choses qui arrivent, on va pas s’en vouloir pour ça, c’est naturel ! » C’est ça Milo, prends un air d’assurance, ça te va si bien ! Il n’empêche que tout ça je le pense. Il n’empêche que je me sens encore plus obsédé par ses conneries, par cette fille. C’est chaud quand tu vis avec. Allez, cache ta gêne, cache ton esprit marqué par les cicatrices d'une furie de questions. Je m’étire le dos, plaçant mes épaules en arrière, avant de passer la paume de ma main sur mes pectoraux. Je fais une petite grimace déclarant d’un ton amusé et taquin.
« Putain, j’ai mal ! Je sais pas si c’est toi ou la muscu, mais ça tue.. » Hop là, petite taquinerie, petite provocation. C’est ça Milo, sors tes pec’. Je lui tends par la suite ma cigarette à moitié entamé, sourcils relevés signe d’une proposition. J’ai le goût du partage avec Juliet, des folies, des gamineries, et des sentiments insensés. C’est unique, alors autant agir comme tel. La gêne devrait être au rendez-vous, et elle l’est, oui. Seulement je l’efface, je l’a supprime, parce que ce n’est pas nous. Nous, c’est mimi et juju.
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