Je me suis permis d’entrer, sans trop savoir si la raison y était. Je ne me voyais pas la laissé filer, seule, dans sa chambre, après une éruption comme celle-là. Sa réaction m’a semblé si irrationnel, que je me devais d’agir, de me bouger le cul et d’allé l’a chercher. C’est plus fort que moi, ma curiosité me tuera. Et peut-être aussi que j’ai besoin de savoir ce qui est arrivé à ma colocataire. Nous ne nous somme jamais beaucoup préoccupé de notre passé avant ça, mais il faut un début à tout n’est-ce pas ? Si ses marques ne voulaient rien dire, jamais elle ne les cacherait, et jamais elle ne dirait toutes les choses qu’elle est entrain de me dire. Je crois qu’elle en a honte, je crois qu’elle veut que je garde une autre image d’elle. Tout ce qu’elle dit, ça me fait un pincement au cœur. C’est vrai, avant on avait pas besoin de tout savoir, pourquoi maintenant ? Pourquoi j’insiste ? Mais c’est ce qu’on fait, quand on tient vraiment à quelqu’un. Colocataire ou pas, je crois que je me suis attaché. Basta, j’ai pas besoin de me justifier.
Je l’écoute me parler, je suis immobile, comme si je commençais à perdre le contrôle de la situation. Et c’est un peu le cas, je ne sais même plus quoi dire. Alors j’agis, selon ce que mon corps me dit de faire. Je l’a regarde s’asseoir sur le lit, ses cuisses définitivement recouvertes. Ma langue de passage sur mes lèvres, j’expire un bon coup, presque fatigué par cette façon de penser. Je peux comprendre, mais à la fois, non. J’ai toujours su séparer mon boulot de ma vie privée; si on enlève le fait que parfois ça s’amène jusqu’à la maison. Mais même si le jugement, la manipulation et le mensonge font partie de ma vie professionnelle, ils n’empiètent en aucun cas sur ma vie privée. Je m’en suis toujours assurée. Et mon père bien plus encore. Alors non, je ne l’a jugerais pas. Les seules choses qui pourrait se passer si elle ne dit rien, se sont ses questions que je me poserais constamment, ses scénarios complètement loufoques que je m’imaginerais, et mes yeux ou ma langue divaguant constamment sur le sujet. Ça oui. Et ce n’est pas ce qu’elle veut. La salle de bain est libre, certes, mais je m’en tape. Je lève les yeux au ciel et expire une nouvelle fois, tout en m’approchant d’elle. Plus précisément je prends place assise sur son lit, juste à ses côtés. Je passe une dernière fois ma langue sur mes lèvres, sourcils relevés. Mes doigts viennent glissés une de ses mèches de cheveux derrière son oreille, signe d'une conversation sérieuse comme on en a rarement. « Juliet…Je m’en tape ! » Je dis ça de façon normale, tout droit sortit du cœur, avant d’enchaîner. « Que tu sois petite, grosse, chauve, ou marqué, tu restes la même putain ! » C’est vachement nunuche, je l’avoue, mais c’est la vérité. Je ne sais pas comment elle était avant, mais ce n’est pas ma découverte de ses traces qui va changer quoi que ce soit chez elle, et donc entre nous. Du moins je l’espère. Puis je prends des risques, un peu. Je baisse les yeux vers sa cuisse, et fronce les sourcils. Je ne l’a regarde plus; je regarde la couture qui recouvre ses marques. D’une main lente et prudente, j’attrape de quelques doigts le bord de la chemise que je me mets à remonter avec douceur. Je respire fort, autant que mon coeur dans ses battements, de peur qu’elle m’en flanque une. Moi je veux juste qu’elle comprenne. A force de remonter la chemise, ses marques se dévoilent, et même si elles ne sont pas jolies à voir, je peux définitivement affirmé que j’ai vu pire. Elle a de belles jambes, elle est sexy, je crois que j’arrêterais jamais de vouloir croquer une de ses fesses, je vous jure ! Je lève enfin la tête vers elle, et essaie de déclarer afin d’alléger l’atmosphère devenu lourd et tendu: « Moi j’te le dis, ça te rend pas plus moche. Tu reste magnifique ! » C’est sorti tout seul. Oh putain de merde, plus jamais je laisse mon corps parlé à ma place. J’offre une légère caresse rapide du doigt frôlant sa cuisse puis me lève soudainement. Je me dis que j’ai abusé. Je me racle la gorge, essayant de changer de comportement. « Enfin voilà, t’es pas obligé de tout me dire aujourd’hui quoi, mais sache juste que je m’en fiche et que personne n’est parfait ! » J’hoche de la tête en espérant qu’elle comprenne le message. Je crois que j’ai jamais vécu un truc aussi lourd. Pourquoi ça l'est d’ailleurs ? Je suis juste au soutient d'une amie. Personne ne devrait avoir à se cacher.